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« Et Dieu a dit: qu’il y’ait des luminaires dans le firmament pour séparer entre le jour et la nuit et ce seront des signes, et pour les fêtes et les années » (genèse 1:14)
Dans ce recueil, nous traiterons de l’importante question du temps dans la halakha (loi juive). La détermination juste et précise des dates et horaires des mitzvot (commandements) fait partie des fondamentaux les plus importants de la loi juive.
L’existence de nombreuses mitzvot dépend de l’établissement précis des horaires de l’aube, du lever du soleil, du coucher et la sortie des étoiles. Les horaires du début du shabbat et de sa sortie sont des halakhot graves qui ont pour punition la lapidation, et dont dépendent l’entrée et la sortie du jour de kippour et des fêtes. De même la halakha est scrupuleuse dans tout ce qui a trait aux horaires de prière, la pose des tefilin, les tsisit etc.
Dans ce recueil nous traiterons la question des horaires de la sortie des étoiles seulement. Moment très important, qui sépare entre le jour et la nuit, c’est lui qui sépare entre le saint et le profane et c’est lui qui distingue si on est imposé d’un sacrifice d’expiation « ‘hatat » ou si l’on en est quitte, et celui qui désire s’instruire étendra sa connaissance au reste des sujets ayant trait au temps: aube, lever de soleil etc.
Et avant que l’on s’attèle à la halakha tel qu’elle est fixée, il serait souhaitable que l’on comprenne la réalité telle qu’elle était pour les hazal, les Guéonim et les Richonim car c’est d’après cette réalité qu’ils ont dit ce qu’ils ont dit et d’après elle qu’ils ont fixé la halakha pratique et il n’ est besoin d’ajouter que ce sont ces Rishonim qui ont été comparés aux anges et de la bouche desquels la Shekhina parle et dont leurs propos sont la sainteté même pour toutes les générations et dont les halakhot prononcées sont comme la Torah de Moise au Sinaï .
La guemara dans Pessahim 94 b: « Les sages d’Israël disent: Le jour, le soleil va en bas du firmament et la nuit au dessus, et les sages des nations disent: le jour, le soleil va en bas du firmament et la nuit en dessous de la Terre. »
Et ainsi Rabbeinou Hananel explique le monde des hazal: Dans Pessahim 94 il est écrit : « la nuit le soleil va au dessus du firmament de l’ouest à l’est et quand il arrive à la fenêtre à travers laquelle il brille, tout de suite arrive l’aube; puis le soleil entre dans l’épaisseur du firmament et quand il traverse toute l’épaisseur du firmament et arrive du coté visible aux hommes, instantanément il brille sur la Terre; et tout le jour il va de l’est à l’ouest…Et ainsi au coucher, le soleil rentre dans l’épaisseur du firmament et lorsqu’il en sort, immédiatement les étoiles apparaissent. »
Et donc, voici l’image du monde d’après nos sages: la Terre est un disque plat, comme une assiette plate sur laquelle « repose » la coupole firmament. Cette coupole est en forme de demi-ballon et la paroi de cette coupole est le firmament. À ce firmament il y’a une épaisseur considérable (comme nous allons le voir ensuite).
Aux heures du jour, le soleil effectue un circuit dans cette coupole (« Le jour, le soleil va en bas du firmament ») et la nuit il effectue un circuit au dessus de la coupole (!). C.-à-d., le mouvement solaire n’est pas un cycle mais un aller retour par dessus et en dessous de la coupole firmament.
Pour passer d’état nuit à état jour (et l’inverse), le soleil doit traverser le firmament. Ce passage s’effectue deux fois par jour, le matin et le soir. Cette traversée du soleil par le firmament se prolonge un temps estimable.
Le temps pris par le soleil pour traverser ce firmament est le matin, le temps qu’il y’a entre l’aube et le lever du soleil, et la nuit, le temps qu’il y’a entre le coucher du soleil et la sortie des étoiles. Et c’est ce qui est dit dans Pessahim 94a: « Rabbi Youda dit: l’épaisseur du ciel c’est 1/10ème du [temps qu’un homme moyen peut marcher durant un] jour, sache qu’un homme moyen marche 10 parsaot, et de l’aube jusqu’au lever du soleil [il y’a l’équivalent de] 4milles, et du coucher jusqu’à la sortie des étoiles 4milles. Donc l’épaisseur du ciel est 1/10 du [temps de marche d’un] jour ». (1 parsa étant égale à 4 milles)
Il y’a une controverse si le « temps de parcourir 1 mille » c’est 18 ou 22,5 ou 24 minutes. Mais même si l’on se contente de considérer le laps de temps le plus court on trouve que le temps de parcourt du soleil dans l’épaisseur du ciel est de 72 minutes (18 minutes fois 4 milles). C’est le laps de temps entre le « coucher de soleil » et « la sortie des étoiles ».
D’après cette réalité, Rabbeinou Tam a fixé (au 12è siècle) que l’horaire de sortie de shabbat est 72 minutes après le coucher du soleil. Cependant dans cette décision, Rabbeinou Tam s’est heurté à la guemara de chabbat 34b: « il a été dit le laps de temps crépusculaire » est de combien? Rabbi Yehudah a dit au nom de Chemouel 3/4 de mille. » (C.-à-d. le crépuscule est comme le parcours de 3/4 de mille et pas 4) et il répond que la durée du crépuscule commence après que le soleil ait pénétré l’épaisseur du firmament et ne se voit plus. Et ainsi il est dit à ce propos dans Tosfot sur Pessahim 94a: « Et il y’a lieu de dire qu’ici on parle à partir du coucher, ce qui veut dire du moment où le soleil commence à rentrer dans l’épaisseur du ciel jusqu’à la nuit c’est 4milles et là bas on parle à partir de la fin du coucher » (fin de citation).
Il n’est pas la peine de préciser que tout ces propos sont absurdes! Le firmament n’est pas une coupole, il n’a pas d’épaisseur, le soleil ne le traverse pas, les horaires du jour et de la nuit dépendent de la vitesse du cycle solaire etc. etc.
L’image du monde des hazal est, une erreur complète qui n’a pas la moindre assise dans la réalité. Si toutes les observations astronomiques ne suffisaient pas, des milliers de vols dans l’espace ont prouvé que l’image du monde réel n’a aucune comparaison avec la compréhension et la connaissance des hazal!
Et ce n’est pas simplement qu’aujourd’hui n’importe quel enfant sait cela mais une partie de ces choses là étaient déjà connues du temps des hazal et pour sûr à l’époque de Rabbeinou Tam et des Richonim. Les grecs avaient une image du monde fausse mais plus proche de la réalité (le soleil et les étoiles qui se meuvent dans des cycles autour de la Terre) déjà au 5è siècle avant J-C, c.-à-d. à peu près 800 ans avant les sages du Talmud! On y a vu une allusion déjà dans les paroles de la guemara précédente sur les sages des nations. La guemara elle même rajoute que « Rabbi a dit, leurs paroles semblent plus vraies que les nôtres » c.-à-d. Rabbi pense que l’appréhension du monde par les non juifs est plus juste que hazal! Mais cela n’a rien changé à l’établissement des halakhot par les hazal qui ont toutes été faites sur la base de leur fausse conception d’une « traversée du soleil à travers le firmament ». Il semble que les hazal n’aient pas connus les autres théories et mêmes lorsqu’ils les ont connues, ils ne les ont pas prises en compte et sont restés sur leur fausses conceptions. Rabbeinou Hananel (Pesshim94) reconnait même explicitement se dérober de la réalité factuelle: « Et malgré le fait que les astronomes d’aujourd’hui disent des choses contraires, nous ne les considérons pas mais faisons attention à conserver les paroles de nos maîtres telles quelles et ne craignons pas les autres… »
Et toi qui réfléchis, sache que Rabbeinou Tam n’était pas le seul d’entre les Richonim à être dans l’erreur mais tous les Richonim se sont trompés à ce sujet.
Puisqu’on ne dira pas une chose sans preuves des écrits, nous citerons les paroles du Ran (Rabbi Nissim ben Reuben 1315-1376) dans Chabbat 2ème chapitre sur « Rabba bar Hana »: « Rabbenu Tam s’efforce à justifier qu’il y’a deux couchers. Le coucher dans notre Michna c’est à partir de la fin du coucher du soleil c.-à-d. du moment où il s’enfonce dans le ciel et est encore face à la fenêtre mais n’est pas encore derrière la coupole, la face du ciel rougit…mais c’est sûr l’horaire de Tosfot c’est du début du coucher où le soleil n’apparait plus sur Terre jusqu’à l’horaire du crépuscule et cette durée là c’est 3milles et 1/4″.
Et c’est aussi l’avis du Mordechai 2ème chapitre de Shabbat: « et jusqu’à la sortie des étoiles 5milin, ça veut dire du coucher du soleil qui commence à se coucher car il rentre dans le ciel et quand le soleil remonte par en dessous alors commencent à descendre les étoiles qui rentrent par dessus et commencent à descendre. Le soleil termine son ascension lorsqu’il a passé l’épaisseur du ciel puis les étoiles terminent leur descente et on les voit toutes. Et cette ascension du soleil et descente des étoiles c’est 5 milles« . (fin de citation)
Et ainsi pour Nachmanide, le Rachba et Yereïm (Eliezer fils de Shemuel de Metz 12ème siècle). Donc pour tous les Richonim, l’horaire de la sortie des étoiles est 72 minutes après le coucher du soleil. Tous ceux là sont les Richonim que « si nous sommes comme des hommes eux sont comme des anges » et leurs décisions halakhiques sont comme la Torah de Moïse au Sinaï.
Et ainsi tranche, 400 ans après, Rabbeinou Tam, le Choulkhan Aroukh dans les halakhot de shabbat (261 siman 2) que le moment de sortie des étoiles est 4 milles (72 minutes) après le coucher du soleil.
Au temps du « Beit Yossef » il y’avait déjà une image du monde beaucoup plus précise et presque identique à celle de nos jours. L’astronome Copernic a publié son livre sur le cycle solaire et le mouvement des astres an l’an 1543, plus de 20 ans avant l’écriture du Choulkhan Aroukh!
Est-ce que les décisionnaires ont changé leur façon de calculer les horaires halakhiques suite à ces nouvelles preuves radicales? Malheureusement non, ils ont obscurci leurs yeux devant la réalité!
Dans son livre « les horaires dans la halakha » (chapitre 46) le Rav Haim P.Beinish chlit »a écrit ainsi: « l’habitude générale dans les pays européens aux sujets du crépuscule et de la sortie des étoiles jusqu’en 1740 est sans remise en question comme le Rabbeinou Tam, soit pour alourdir ou alléger. 50 ans après on trouve pour la première fois beaucoup de grands de ces pays là qui controversent sur cette halakha… », dans la remarque N°3 de ce chapitre l’auteur se questionne sur la cause précise qui a entraîné cette remise en question (et amène les grands de la Torah à adopter la méthode des Guéonim » qu’ont pas connus nos pères et nous compléterons là dessus dans un des recueils à suivre).
La cause de la remise en question, est très très claire. La période de la haskala est arrivée, l’étude, la connaissance et la compréhension de la réalité. On ne peut pas arrêter la vérité et au final, les faits réels gagnent la bataille.
Le Gaon de Vilna est arrivé et a tranché dans son commentaire sur le ChoulkhanAaroukh 261: « et les sens contredisent pour tout celui qui voit…Et pour les pays qui sont tournés vers le nord…il n’ y a pas du tout de sortie des étoiles en été mais le crépuscule commence à partir coucher du soleil tout de suite…et c’est 3/4 de mil… »D’après le Gaon de Vilna, la sortie des étoiles pour la thèse la plus exigeante (un mil c’est 24 minutes) c’est 18 minutes après le coucher du soleil. Et ce que dit la guemara qu’il y’a 4 milin du coucher du soleil à la sortie des étoiles, ça ne concerne que le cas où beaucoup d’étoiles sont sorties et cette sortie d’étoiles n’a pas d’incidence pour la halakha.(!)
Avec un trait de plume le Gaon a renversé tout le calendrier. D’après la thèse du Gaon (il n’a aucun enseignement qui va dans son sens véritablement et nous en reparlerons dans les recueils suivants) voici que tout celui qui dans les générations précédentes a fait un travail interdit le shabbat dans ces 54 minutes de différence[1] a transgressé le shabbat dont la transgression par inadvertance est passible de hâtât.
Et plus que cela. Car si malgré tout ça, la halakha reste comme les Richonim, alors tous les juifs de notre génération transgressent shabbat!
Après cette brèche dans le mur des Richonim, la vérité factuelle a pu sortir la tête. Et que devons nous faire face à cette réalité visible qu’il n’y a pas d’étoiles 18 minutes après le coucher du soleil? Et- si c’est ainsi même les paroles du Gaon tombent et c’est la remarque du Rav Toukchinski dans son livre « le crépuscule » chap 5 et il ramène des expériences où d’après elles il conclut que les étoiles moyennes apparaissent 28 minutes après le coucher du soleil (dans un jour d’été où la période crépusculaire est courte).
Et au nom du Hazon Ich il est dit qu’il faut attendre 40 minutes après le coucher du soleil. Chaque décisionnaire avec ses raisons, chaque décisionnaire et ses problèmes et chaque décisionnaire et ses justifications…et les paroles de la guemara sont tombées dans un puits sans fond.
Et à propos de tous les autres calculs halakhiques concernant le temps? Des sujets de poids et importants comme les chaot zmaniot (heures relatives) et l’aube etc. sont restés fixées par les écrits des Richonim lesquels se sont déjà clairement trompés et les choses en arrivent au paradoxe et au ridicule.
Et pour comprendre l’errance et la confusion qui règne dans ces sujets là, les calculs horaires dans la halakha, nous citerons Rim Toukchinski dans son hebdomadaire « Kol Israël » (5699 volume 42) « et après quelques années lorsque le grand rabbin Itzhak Goldberg est arrivé de Minsk à Jérusalem, il m’a écrit des lettres véhémentes sur la manière de calculer en disant dans ses lettres que le calcul erroné est un peu du hiloul hachem (profanation du Nom) (!) ». (Temps et halakha page 117)
Et toi qui réfléchis, rappelle-toi que seul la réflexion, la vérification, l’expérience et l’observation fixent pour chaque homme son chemin et ses conceptions. Car seulement de la réalité vient la théorie et non pas l’inverse.
Et l’on conclura par les paroles de notre maître Rav Yechaya DiTarni dans ses responsa 62 « je tiens cela, que toute chose qui ne m’apparait pas juste, meme si Yehochoua bin Noun l’avait dite je ne l’aurais pas écouté ».
Et le Rav Haïm de Volozyn dans le Rouah Haïm sur le traité des pères chap 1 Michna 4 « c’est interdit à l’élève d’agréer les paroles de son maître lorsqu’il a une question à leur propos; des fois que la vérité serait avec l’élève ».
[1] La différence entre les 72 minutes de la guemara et seulement 18 minutes pour le Gaon
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